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Des lieux, des temps, nos sociétés
26 février 2012

La naissance des totalitarismes (7/17)

3. Changer l'Homme, par l'esprit, par la force ou par la « race » : les instruments des sociétés totalitaires

A. Les Etats et leur peuple sous la coupe d’un parti

 

* En URSS, en Italie puis en Allemagne, les 3 mouvements qui s’emparent du pouvoir détestent la démocratie, même lorsqu’ils l’ont promise ou semblent vouloir la maintenir. Parce qu'ils se savent minoritaires dans l'opinion ou parce qu'ils veulent conserver longtemps le pouvoir, ils vont créer des régimes qui confondent l’Etat et un parti unique.

 

En Russie, le processus démocratique entamé à travers les soviets est interrompu en janvier 1918.

- L'assemblée constituante est dissoute par les bolcheviks dès qu’ils comprennent qu’ils y sont très largement minoritaires. Le parti communiste devient parti unique ! En réalité, Lénine avait prévu cette évolution, dans laquelle une « élite consciente » construirait seule le bonheur de tous les autres, trop peu instruits pour y participer directement.

- Les adversaires des bolcheviks sont impitoyablement combattus au cours d’une guerre civile de 3 ans. Le soutien apporté par certaines puissances étrangères ne suffit pas. Deux millions de « Russes blancs » (anti-communistes) quittent le pays dont ils perdent d’ailleurs la nationalité.

* La Russie devient en 1922 un État fédéral, l'Union des Républiques Socialistes Soviétiques (URSS) composée de plusieurs républiques correspondant aux différentes nationalités reconnues. Mais derrière les apparences, il s’agit d’un état centralisé piloté depuis Moscou, dont les structures vont correspondre strictement à celles du parti bolchévique, devenu PCUS. A chaque niveau territorial, le pouvoir émane de soviets élus, mais le suffrage est indirect et le choix ne peut se faire qu’au sein du parti communiste. De fait, le secrétaire général du PCUS est au sommet de l’Etat. La « dictature du prolétariat » est devenue celle du parti !!

 

* En Italie, Mussolini cherche d’abord à rassurer la majorité des Italiens.

- Il ne nomme que 4 ministres fascistes dans son gouvernement, à côté de militaires prestigieux et d’hommes politiques de tous bords (sauf communistes). Il donne l’ordre à ses « chemises noires » de quitter la capitale.

- Il laisse subsister le Parlement, une presse d’opposition, ralliant à lui des gens modérés.

 

Mais progressivement, il installe une dictature.

- Le mois suivant son accession à la tête du gouvernement, Mussolini obtient des 2 assemblées les pleins pouvoirs, c’est-à-dire un an de dictature légale.

- En 1924, une nouvelle loi électorale, la reprise des terreurs squadristes et les fonds versés aux fascistes par la grande industrie, permettent à la coalition dirigée par ceux-ci d’obtenir la majorité absolue à la Chambre des Députés. A l’ouverture de cette assemblée fraîchement élue, le n°1 socialiste Matteotti accuse Mussolini et les fascistes de malversations, de violences, et menace d’apporter des preuves. Quelque temps plus tard, il est enlevé en voiture par des squadristes et tué. Des fascistes quittent le parti, des députés refusent de siéger, mais en janvier 1925 Mussolini assume et annonce le début de la dictature, du parti unique.

- Les violences redoublent dans le pays, et Mussolini prend le prétexte d’un attentat contre lui pour faire voter des « lois de défense de l’Etat », dites lois « fascistissimes », qui changent le régime en profondeur : le « Duce » n’est plus responsable que devant le roi, il est chef des armées, peut gouverner par décrets, et l’initiative parlementaire disparaît ! Influente en Italie, l'Eglise se tait. Des opposants s’exilent.

- En 1928, les 400 membres de la Chambre des députés ne sont plus élus, mais désignés par le « Grand conseil fasciste » puis soumis à plébiscite en bloc. En 1938, cette assemblée est carrément supprimée, remplacée par un organe purement consultatif. Entre temps, Mussolini a organisé l’épuration méthodique de l’administration dès 1922 : les cadres de l’Etat sont révoqués et progressivement remplacés par des fascistes.

 

En Allemagne, le processus semble proche.

- Hitler rassure d’abord ses alliés avec un gouvernement où les nazis sont minoritaires.

- Puis il prend prétexte de l’incendie du Reichstag le 27.02.1933 pour suspendre les libertés publiques, faire arrêter 4000 militants de gauche, et interdire le parti communiste accusé d’en être à l’origine. La déchéance des députés communistes permet aux nazis d’atteindre artificiellement la majorité absolue des sièges, aboutissant le 23.03.1933 au vote des pleins pouvoirs à Hitler pour 4 ans.

- Le 14.07.1933 le NSDAP est proclamé parti unique, les syndicats sont dissous, l’administration est « épurée » et le pouvoir des Länder transféré au Reich.

- Le 2.08.1934 lorsque le vieux président Hindenburg décède, Hitler fusionne à son profit les fonctions de chancelier et président. La légitimité populaire des actes politiques ne sera plus vérifiée qu’après-coup, par des plébiscites (en général 90 à 95% de Oui).

- Rapidement, les symboles du parti comme la croix gammée, deviennent et remplacent ceux de l’Etat.

 

* Ayant « phagocyté » l’Etat, ces partis attirent à eux en quelques années l’ensemble de ceux qui cherchent une promotion sociale, ou encore les fonctionnaires et les fournisseurs de l’Etat qui s’y sentent obligés s’ils veulent sauver leur emploi ou leur activité. Les effectifs du NSDAP atteignent 4,5 M de membres en 1934, tandis que le PCUS compte 3,5 M d’adhérents en 1940.

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