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Des lieux, des temps, nos sociétés
30 septembre 2012

Un changement de civilisation (11/20)

3. Les transformations profondes et frictionnelles des sociétés 

 

A. Le glissement sectoriel et géographique spectaculaire des populations actives

 

La population active des pays évoqués, depuis toujours agricole à près de 80%, est rapidement transformée. Le salariat se répand, mais surtout :

- elle « glisse » d'abord massivement (jusqu'à 35-40%, 50% au Royaume-Uni) vers le secteur secondaire au moment de la révolution industrielle, en même temps que la part de ce secteur dans la richesse produite augmente...

- ...avant de s'orienter vers le secteur tertiaire quand les services se diversifient et que l'industrie se perfectionne puis se robotise.

- Ces deux mutations profitent aussi de la mécanisation progressive mais intense de l'agriculture, qui ne représentent plus que 2 à 4% de la population active actuelle des pays développés.

 

* Le passage à l'économie industrielle entraîne une explosion démographique des villes et amorce une véritable inversion dans la répartition des hommes entre campagnes et villes.

* Cela est dû conjointement :

- au remplacement d'ateliers dispersés dans les villages par une usine unique dans la ville voisine pour rentabiliser l'achat des machines (à vapeur notamment) ;

- à un début de mécanisation agricole qui « libère » un certain nombre de bras pour d'autres métiers, même si l'espoir d'ascension sociale explique aussi ces départs ;

- à la présence en ville d'une main-d'œuvre disponible plus grande, d'une clientèle plus large, de banques et d'autorités politiques dont on cherche le soutien, et d'un chemin de fer qui achemine ou expédie charbon, matières premières et produits finis ;

- au fait que les entrepreneurs sont pour la plupart issus d'une élite bourgeoise qui vit déjà en ville et souhaite contrôler au mieux l'activité qu'elle possède ;

- à la transition démographique amorcée par tous les pays concernés, qui renforce la population des villes et des campagnes par accroissement naturel, accentuant d'autant l'exode rural (mais aussi, pour 40M d'européens, le départ vers les pays neufs ou les colonies). Se poursuivant durant presque un siècle, cet exode se transforme au fil du temps en « vidange » rurale, accompagnée de déprise agricole.

 

Alors qu'avant la R.I. on compte seulement 15% de citadins en moyenne, on atteint 50% en 1850 au Royaume-Uni, en 1912 en Allemagne et vers 1930 en France. Cet essor urbain touche :

- des bassins miniers, d'où émergent subitement des agglomérations significatives (Essen, Le Creusot, St-Etienne) et spécifiquement industrielles, formant des « pays noirs ». La croissance urbaine y prend souvent une forme linéaire incluant plusieurs noyaux urbains, ce qu'on appelle des conurbations  ;

1850-2011 - Rhein-RuhrUne capture d'écran ViaMichelin permet de constater que plusieurs villes connues d'Allemagne ont leurs banlieues résidentielles, commerciales et surtout industrielles jointes. Ce phénomène est le fruit d'une croissance axée sur un bassin à la fois fluvial, commercial et minier.

 

- les villes moyennes et grandes, dès lors qu'elles ont une tradition artisanale et une position de carrefour ;

- les « capitales », qui fixent les meilleures liaisons et certaines industries stratégiques, grossissent vite : de 1850 à 1910, Berlin passe de 0,4 à 2Mhab, Paris de 1 à 3M, Londres de 2,7 à 7,3M (8,1M en 1930 qd NY passe devant), NY de 0,7 à 4,8M… Chicago bondit de 3000 hab. en 1833 à 3,3Mhab en 1930 !

- A partir des années 1960 et surtout 1980, la « métropolisation » concentre une part croissante des citadins dans les villes déjà les plus peuplées, les mieux équipées et les plus accessibles.

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