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Des lieux, des temps, nos sociétés
28 février 2012

La naissance des totalitarismes (17/17)

D. La faiblesse des démocraties, « Munich » et l’engrenage

 

* Devant la faiblesse perceptible des démocraties, Hitler accélère ses conquêtes.

- 3M d’Allemands vivent en territoire tchécoslovaque, dans la région des Sudètes, un espace industriel vital pour la Tchécoslovaquie. Hitler lorgne sur lui en 1938.

- Ni la France ni l’URSS, alliées du pays menacé, ne souhaitent agir seules, et elles demandent à la Tchécoslovaquie de faire des concessions. La Pologne et la Roumanie ne veulent quant à elles pas laisser passer les troupes russes en cas d’intervention.

- Le 12.9.1938, dans un violent discours à Nuremberg, Hitler revendique officiellement la région, et durcit le ton après 2 rencontres avec le 1er Ministre britannique en brandissant un ultimatum pour le 1.10.1938. La guerre semble imminente car on mobilise en Tchécoslovaquie et on rappelle les réservistes en France, Italie, Grande-Bretagne et Allemagne.

- L’anglais Neville Chamberlain suggère une conférence internationale et Mussolini fait accepter cette proposition à Hitler. Le 29.9.1938, Hitler, Mussolini, Daladier et Chamberlain se rencontrent à Munich où ni l’URSS ni la Tchécoslovaquie ne sont conviées.

L’Allemagne obtient des 3 partenaires les territoires revendiqués en échange d’un engagement de tous les quatre à garantir les frontières tchécoslovaques ainsi remaniées.

* A Paris et Londres domine l’illusion de la paix sauvée, un « lâche soulagement » selon Blum,  une « dévaluation morale » selon le poète Aragon. La France est discréditée aux yeux de ses alliés orientaux, l’URSS est fâchée, et l’opinion française est divisée en « munichois » et « anti-munichois ».

 

 * Les démocraties ont ici tenté de jouer « l’apaisement » parce que…

- d’abord elles ont diminué leurs charges de défense du fait de la crise (ou les ont mal dépensées comme la « ligne Maginot » française, qui s’avèrera inutile), et qu’elles ne sont pas prêtes à faire la guerre ;

- les USA, très distants, votent des lois de neutralité et s’interdisent de vendre des armes à des belligérants européens ;

- la droite britannique (sauf Churchill) ne se sentant pas menacée par les troubles européens, est prête à accorder à Hitler des satisfactions en Europe centrale ;

- la France est dominée par une opinion pacifiste, et par ailleurs très divisée : la Gauche accuse la Droite de diaboliser l’URSS, la Droite accuse la Gauche d’affaiblir le pays, la Droite et une partie de la Gauche accusent également les juifs français de vouloir la guerre uniquement pour sauver les juifs allemands ;

- l’Allemagne nazie continue d’être vue alors comme moins dangereuse que le bolchevisme contre lequel elle affirme constituer un rempart solide ;

- les Français et les Anglais pensaient qu’Hitler respecterait sa parole et se contenterait des terres peuplées d’allemands !

 

Or, Hitler amorce en fait au même instant la dernière étape de son plan, la conquête de son « espace vital » à l’Est.

- La Tchécoslovaquie est sa première cible. Elle dispose d’une économie moderne, d’une industrie dynamique et de riches régions agricoles, utiles pour l’autarcie allemande. Elle possède aussi un équipement militaire qu’il est utile de s’approprier, et la prendre supprimerait un « allié de revers » potentiel pour la France.

- Dès le lendemain de Munich, le 2.10.1938, la Tchécoslovaquie affaiblie voit la Pologne et la Hongrie occuper certaines de ces régions bordières. L’Allemagne, elle, soutient les nationalistes Slovaques pour mieux diviser sa proie, et cela réussit : le nouveau président tchécoslovaque refuse un projet d’autonomie soumis par ces derniers, ce qui les conduit à proclamer leur indépendance le 14.03.1939.

- Le 15.03.1939, le chef d’Etat tchécoslovaque est convoqué à Berlin et sommé d’accepter des troupes allemandes sur son sol le jour même. Ce qui reste du pays, jusque là seule démocratie d’Europe centrale, devient le « protectorat de Bohême-Moravie », véritable satellite du Reich.

- Le 22.03.1939, Hitler se fait céder par la Lituanie apeurée la ville de Memel.

 

* Ce n’est qu’à ce stade que la France et la Grande-Bretagne réagissent. Elles donnent alors des garanties de protection à la Grèce contre l’Italie, à la Pologne et à la Roumanie contre l’Allemagne. Mais la peur de l’Allemagne est telle que la Belgique et les Pays-Bas refusent cette garantie.

- La volonté de Roosevelt, ne convainc pas le congrès américain de rompre la neutralité des USA.

- Le 7.04.1939, Mussolini avance aussi ses pions et envahit l’Albanie.

 

* Reste Staline, qui joue longtemps sur les deux tableaux. Finalement, à la stupeur générale, le 23.08.1939 Von Ribbentrop et Molotov signent un pacte de non-agression germano-soviétique alors que des pourparlers étaient entamés entre URSS, France et Grande-Bretagne. Un protocole secret reconnait des droits à l’URSS sur la Finlande, les pays baltes et la Bessarabie (actuelle Moldavie, Nord-Est de la Roumanie de l’époque), et prévoit le partage de la Pologne.

Ce n’est donc pas une surprise lorsque le 1.09.1939, les troupes allemandes pénètrent en Pologne.

* Mussolini tente en vain de calmer Hitler.

* Le 3, la France et la Grande-Bretagne déclarent la guerre à l’Allemagne.

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